Noémie Gmür raconte L’art du podcast

À l’occasion de la sortie de son livre L’art du podcast : le guide complet pour vous lancer de l’idée jusqu’à la monétisation, Noémie Gmür s’est prêtée au jeu de l’interview.

Vous n’avez pas encore le livre ? Procurez-le vous auprès de la librairie la plus proche de chez vous !

C’est parti pour plonger dans son processus créatif !

L’interview de Noémie Gmür

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Noémie Gmür, je suis franco-suisse, j’ai 30 ans, taureau ascendant sagittaire. Je suis autrice, réalisatrice et formatrice dans le milieu du podcast.

Après avoir lancé mon podcast Entre Eux Deux en autodidacte en 2018, j’ai un gros déclic. Je quitte mon job afin de me lancer en indépendante.

Comme j’ai travaillé dans la communication pendant près de six années, j’accompagne des podcasts, des marques et studio dans leur communication et sur la partie production.

Ensuite, je me forme à l’École nationale supérieure Louis Lumière pour développer mes compétences techniques, où je sens que je manque de méthodologie. Je veux aussi me sentir plus légitime dans l’écriture et la réalisation. Après cette formation, tout est allé très vite.

J’accompagne la maison d’édition Quelle Histoire à lancer leur podcast Mythes et Légendes, qui est un succès. Avec Samia Basille, on anime notre première formation ensemble au salon de la radio, puis pour un client. Plusieurs client·e·s m’ont ensuite contactée pour poursuivre cette activité.

En octobre 2020, la maison d’édition Eyrolles me propose d’écrire un guide qui accompagne les personnes qui veulent lancer un podcast.
Je ne vais pas te cacher qu’au début, je suis terrorisée ! Je me demande si je suis capable être capable d’écrire un livre toute seule, comment je vais faire pour jongler avec mes clients et mes études de sexothérapie que je viens de commencer. Après de nombreux échanges avec mes éditeur·ices, je suis un peu plus rassurée et j’accepte de relever le défi.

Que contient ton livre ?

C’est un guide qui propose d’aider à créer son podcast étape par étape : définir son concept, son identité, la structure, le matériel, le montage, la réalisation, le mixage, la distribution, la communication et la monétisation.

En gros, j’ai écrit le livre que j’aurais aimé avoir quand je me suis lancée. J’ai réalisé énormément de recherches et je suis allée à la rencontre de podcasteurs et podcasteuses indépendant·es pour qu’iels me partagent leurs expériences et conseils. Parmi ces personnes, Sarah Treille-Stefani (Frootch), Julie Beauzac (Vénus s’épilait-elle la chatte), Fanny Ruwet (Les gens qui doutent), Julien Cernobori (Cerno), Margaid Quioc (Yesss Podcast), Fanny Cohen-moreau (Passion médiéviste), Anne-Fleur Andrle (Génération Podcast)…

L’idée, c’est d’avoir un contenu à la fois théorique mais aussi très pratique pour accompagner dans ce projet, sur une étape ou plusieurs.

À qui est-il destiné ?

À toutes les personnes qui souhaitent lancer un podcast mais qui n’osent pas se lancer. Il s’adresse aussi aux podcasteurs et podcasteuses qui ont envie de progresser sur un point particulier, que ce soit la structure, la communication ou la monétisation. Mon but, c’est de faciliter l’accès au podcast en réunissant un maximum d’informations dans un ouvrage. Parce qu’on a beau dire que le podcast est accessible, ce n’est pas tout à fait vrai. Quand je me suis lancée, j’ai passé des heures et journées entières à m’autoformer. Même si j’ai adoré le faire, c’était franchement une sacrée galère !

Il y avait des conseils très contradictoires, la majorité des tutoriels disponibles sur YouTube sont en anglais… Du coup, je me dis qu’en rassemblant le fruit de ces recherches, avec celles d’autres podcasteur·se·s, ça pourrait faire un outil plutôt complet ! Je n’ai pas la prétention de dire que mon livre est exhaustif, mais j’espère qu’il pourra aider des personnes à sauter le pas, à se lancer dans un projet sans se décourager en cours de route.

Comment t’es venue l’idée d’écrire ce livre ?

En soi, l’idée n’est pas de moi, mais de l’éditrice qui m’a contactée, Stéphanie Chabert. J’ai beaucoup hésité au début parce que j’avais très peur de ne pas être à la hauteur. J’adore écrire et sortir un livre a toujours été un rêve pour moi. Cependant, je ne me sentais absolument pas légitime.

Un jour de grand doute, mon ex-copine m’a demandé clairement « pourquoi tu veux faire ce livre ? ».  Après réflexion, la réponse qui m’est venue, c’est de vouloir donner accès à la sensation de liberté que j’ai eu quand j’ai créé mon premier épisode. J’étais tellement excitée d’avoir trouvé une manière de m’exprimer sans filtre ni contraintes. Il n’y a pas d’intermédiaire entre la personne qui créé et son audience.

Je pense que cela constitue un formidable terrain d’expression et d’exploration pour toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans les médias traditionnels. J’ai eu envie qu’un maximum de personnes puissent ressentir ce frisson d’adrénaline quand j’ai cliqué sur le bouton « Publier ». C’était la première fois de ma vie que je réalisais un projet créatif.

Je me suis lancée toute seule et je n’avais absolument pas conscience de tout le travail que ça implique. Je me suis découragée de nombreuses fois et j’aurais eu besoin d’un guide pour me rassurer ou m’accompagner.  C’est difficile de s’autoriser à lancer un tel projet, il y a plein de fois où on veut abandonner. C’est pour cela que j’ai inséré plein de passages pour rassurer les lecteur·ices dans le livre, des astuces pour ne pas baisser les bras, pour s’organiser, etc. C’est important pour moi de montrer que le doute fait partie du processus de création, mais qu’il ne faut pas le laisser prendre toute la place.

As-tu eu une « routine créative » pour l’écrire ?

Au début, je me suis dit un peu naïvement que j’allais m’asseoir devant mon ordinateur et laisser l’inspiration venir. Sauf que cela ne fonctionne pas comme ça !

En tout cas pas pour moi, sur le long terme. J’ai mis du temps à définir ma routine, d’autant plus que j’ai déménagé trois fois durant l’écriture du livre. Il n’y a pas de règle qui s’applique à tout le monde et j’ai dû faire pas mal de tests avant de trouver ce qui me convient.

Au niveau de mes journées, je me lève assez tôt, puis j’écris trois pages en écriture automatique, une technique inspirée du livre Libérez votre créativité de Julia Cameron. J’enchaîne avec une méditation guidée avec une application sur mon téléphone. C’est ce que j’appelle ma « douche de cerveau ». Au même titre que je me lave le corps, je nettoie mon esprit pour laisser de la place à de nouvelles idées.

Ensuite, je fais une session de yoga pour me réveiller, avant de prendre une douche et de petit déjeuner. J’avais commencé à mettre en place ce rituel matinal lors du premier confinement et ça a clairement sauvé ma santé mentale.

Ensuite, j’écris jusqu’à ce que j’aie faim, déjeune et fais une sieste. Comme j’ai compris que je ne suis absolument pas productive l’après-midi, c’est le moment où je vais faire des trucs plus concrets, comme aller faire des courses, voir des ami·e·s, me promener dans un parc.

Puis, je me remets au boulot en rentrant, vers 17-18h, parfois jusqu’au petit matin. Pour rester concentrée, je fais des pauses toutes les heures, minuteur à l’appui !

Tenir cette discipline n’a pas toujours été simple parce qu’elle implique une forme d’isolement. Généralement, quand on voit ses ami·e·s, c’est le soir. Alors que moi, le soir, c’est le moment où je suis la plus productive ! Disons que j’ai bien compris pourquoi on dit que l’écriture est un travail solitaire !

En ce qui concerne les éléments pour « nourrir » la créativité, j’ai lu beaucoup de livres sur la création sonore, sur la création tout court et de développement personnel aussi. Bien sûr, j’ai écouté des podcasts mais c’était devenu une écoute associée au livre, et donc au travail. Je n’arrivais plus vraiment à en écouter juste pour le plaisir. En revanche, j’ai regardé énormément de séries / films et écouté beaucoup de musique pendant cette période. 

Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans cette aventure ?

J’ai énormément appris sur moi-même et sur le mode de fonctionnement de mon cerveau. Tenir un projet de cette ampleur, seule, c’était vraiment un gros défi.

Je suis quelqu’un qui se lasse très vite. J’ai toujours besoin de sauter d’un projet à un autre, de faire plusieurs trucs en même temps, de bouger. J’ai découvert que j’ai un trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité, TDA/H pour les intimes. Pouvoir poser un nom sur quelque chose que je ressens depuis mon enfance m’a fait énormément de bien. J’ai aussi découvert plein de conseils sur comment s’organiser au quotidien pour apprendre à vivre avec. Il y a un énorme retard en France sur le diagnostic des adultes, et notamment des personnes assignées femmes à la naissance. L’accès aux médicaments est très complexe. Aussi, il faut trouver d’autres manières de canaliser son esprit. Je pense que c’est pour ça que ma routine matinale est aussi importante pour moi.

À côté de ça, j’ai revu toute mon hygiène de vie : arrêt de l’alcool, activité physique régulière, alimentation, sommeil.

Au-delà de ça, j’ai aussi conscience que ce livre m’a aidée à avoir plus confiance en moi. Voir mon entourage être sincèrement fier de moi m’a aidée à sentir que j’en suis capable et tenir sur la durée. Le moment où j’ai eu le livre entre les mains pour la première fois, j’ai été fière de moi à mon tour. Je sais que j’en suis capable et je pense que ça a débloqué pas mal de choses en moi dans mon rapport à l’écriture.

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué dans cette aventure ?

Comme je disais, écrire est une activité très solitaire et je me suis parfois sentie très seule. Personne d’autre que toi ne peut écrire et quand tu sens que ta santé mentale chavire, il faut s’accrocher. Le livre, c’était à la fois un phare et un fardeau. Je savais à peu près la direction où je devais aller et ça m’a permis de tenir. Mais quand ça va pas, c’est difficile de trouver l’énergie de créer. En plus des confinements successifs, j’ai déménagé trois fois et traversé une rupture amoureuse vraiment difficile. Clairement, ma psy a joué un rôle fondamental dans la réalisation de ce projet (et je l’ai d’ailleurs citée dans les remerciements !).

J’ai eu des grosses périodes où j’ai supprimé les réseaux sociaux parce que ça me rendait vraiment mal. C’était parfois mon seul lien avec l’extérieur et ce n’est clairement pas le plus sain. C’est difficile de ne pas se comparer aux autres. J’avais envie de faire des interviews, de proposer des projets, de créer ! Mais je devais me concentrer sur le livre. J’étais hyper frustrée de devoir me concentrer sur cette tâche alors que j’avais plein d’idées. Couper Instagram par intermittence m’a notamment permise de me libérer de pas mal d’émotions négatives.

Ce qui est compliqué aussi, c’est que l’écriture nécessite d’avoir du temps devant soi. Je ne peux pas me poser, écrire une heure et reprendre un autre truc. Il faut que j’ai plusieurs heures de libres. C’est la raison pour laquelle la nuit s’y prête bien d’ailleurs ! D’autant plus que j’avais mes client·es et ma reprise d’études à gérer à côté. Pour être honnête, c’était vraiment difficile de tout faire en même temps et je me suis vraiment épuisée. Une semaine avant la date de rendu du manuscrit, j’avais mes examens de sexo et l’envoi d’un prémontage pour un client. Autant vous dire que je n’ai pas beaucoup dormi !

Un dernier mot à ajouter ?

Eh bien, j’espère que le livre aidera des personnes à franchir le pas de la création. De mon côté, je continue à écrire via ma newsletter et je commence déjà à réfléchir à d’autres projets de création, sonore et littéraire.

Pour se procurer le livre

Merci à Noémie pour ses réponses et pour ce livre ultra-complet sur tous les aspects du podcast ! Si la lire vous a convaincu·e, commandez dès à présent son livre auprès de votre librairie ou via Place des Libraires !

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2 commentaires

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  1. Super inspirant !!
    Merci pour ce partage !
    Le descriptif de l’organisation de la journée de travail avec les rituels, le respect du rythme personnel est très motivant.
    Belle interview aussi ! 😊
    Bravo à vous !